Fable-lab est la première association que nous avons reçue à ce micro, il y a maintenant 3 ans et demi. À l’époque, c’était ton premier édito Yaël. Et tu nous avait présenté les problématiques liées aux subventions dans le secteur associatif, notamment en repartant des travaux de la fameuse Viviane Tchernonog, que l’on cite souvent à ce micro. On avait même dit qu’on ferait un petit update des chiffres que nous donnions à l’époque. Pour rappel, la dernière étude de 2017 indiquait ainsi que les cotisations des membres représentaient 9% des ressources des associations. Les dons représentaient 5%, les recettes d’activité (qu’elles soient publiques ou privées) 66% soit l’écrasante majorité des revenus, et les subventions 20%. Les chiffres actualisés sont maintenant ceux de 2020 (l’étude se faisant avec 3 années de décalage). Et il est intéressant de constater qu’ils sont quasi stables. Notamment en ce qui est relatif à la subvention publique, alors que sa part ne cessait de diminuer dans le budget des associations depuis 15 ans, elle est maintenant stable. Bon… S’agit-il de s’en féliciter ? Je ne sais pas. En tout cas, il semble que période de forte évolution de la structure des budgets des asso soit en train de s’achever, tout du moins à une échelle macro. Nous constatons que la part des recettes d’activité représente à présent les deux tiers du budget des associations, de façon tendancielle. Et nous constatons aussi que les subventions ne représentent plus qu’une part marginale du budget des associations.

Alors bien sûr, en rentrant dans le détail de l’analyse, on comprend bien que cette répartition macro des recettes ne représente pas vraiment la réalité associative, et que selon la typologie d’association, on va trouver une forme de budget très différente, comme nous le documentons sur ce podcast depuis trois ans justement.

Alors quel rapport entre ces chiffres et notre épisode du jour sur l’évolution de l’association Fable-Lab ? Il y a trois ans, nous consacrions notre épisode à ce sujet de la subvention, et à travers cette question un peu provocatrice “peut-on devenir dépendant à la subvention ?”. D’ailleurs je me souviens d’une discussion un peu compliquée quelques semaines après avec un agent d’une collectivité territoriale responsable des subventions de sa collectivité ayant vu passer l’épisode, et qui a voulu m’expliquer par A + B que non, non, on ne pouvait pas devenir dépendant à la subvention, puisqu’il existe tout un tas de mécanismes prévenant des situations où les subventions seraient trop importantes dans une association, ce qui illustrait finalement bien le décalage de compréhension des mécaniques associatives et des injonctions contradictoires envoyées aux associations.

Car plus qu’une dépendance stricto-sensu des associations à un financeur, ce qu’il s’agissait d’interroger, ce sont les injonctions contradictoires envoyées au secteur associatif, comme le fait de considérer qu’une association qui développe une activité économique classique se met facilement en dehors du champ de l’intérêt générale - la privant donc de tout un tas d’avantages nécessaires au monde associatif - tout en souhaitant éloigner les associations de l’autre forme majeure de financement, à savoir la subvention. Il s’agissait également d’interroger la posture de l’Etat dans la délégation de service public opérée à certaines associations, qui elles peuvent être subventionnées à 100% mais qui coûtent nécessairement moins cher qu’un même service géré par directement par la puissance publique.

Enfin, il s’agissait d’évoquer les stratégies que mettent en œuvre les associations pour ne pas devenir dépendantes à la subvention, au-delà de la part qu’elles représentent dans leur budget. Donnons quelques exemples qui parleront sans doute à nos auditeurs : est-il viable de candidater à un appel à projet à trois mille euros quand il va nécessiter une semaine de travail ? Comment financer les coûts de structure de l’association quand tout le monde ne finance que du projet ? Comment gérer la trésorerie quand les processus d’attribution et de mise en paiement durent parfois des mois voire des années ?

Finalement, cet épisode était un peu fondateur dans la construction de nos discours sur le fait associatif ! Alors pourquoi le poursuivre 3 ans après ? Et bien parce que l’équipe de Fable-lab semble avoir trouver les bons ressorts pour précisément arbitrer ces choix stratégiques d’un modèle économique largement basé sur la commande publique ou de fondation, qu’elle s’exprime par subvention ou prestation. Alors voilà, si vous qui nous écoutez cherchez des pistes de solutions pour améliorer le modèle de développement de votre structure. Cet épisode est fait pour vous. Et c’est pour ça qu’on est très heureux d’accueillir Domitille de Fable-lab à ce micro. Rebonjour Domitille.