L'édito
Au cours des épisodes de ce podcast, nous avons déjà abordé la question du financement des associations un certain nombre de fois. On avait évoqué le financement par subventions publiques - avec l’association Fable-Lab, en discutant le caractère quasi-aliénant de la subvention pour certaines associations. On avait également évoqué le financement par dons avec la Quadrature du Net, et pour lequel on avait vu que ce mode de financement sous-entendait une communication soutenue et un ancrage fort auprès d’une large communauté.
Alors nous revoici pour un épisode autour du financement du secteur associatif, mais cette fois-ci donc par le biais des fondations, ces structures de droit privé qui abondent au budget des associations par le biais du mécénat. Alors comme tu le disais Yaël, aujourd’hui pour parler de ce sujet, on ne reçoit pas une association financée par des fondations, mais une fondation justement. Pourquoi ? Et bien parce que le monde des fondations est un univers en soi, et que nous - associations - n’en percevons qu’un tout petit bout, celui du financement.
Pour comprendre les logiques de ce mode de financement, il nous semblait important d’en parler avec les premiers concernés, c’est-à-dire celles qui l’opèrent, les fondations. Parce que en fait - et j’ai appris ça il n’y a pas si longtemps que ça - chaque fondation ne fait pas ce qu’elle veut. Ici, je peux citer l’exemple des Designers Ethiques, l’association à travers laquelle je participe à ce podcast. Il y a quelques mois, nous avons soumis un projet à une fondation qui était venu nous sollicité spécifiquement sur un appel à projet. Et notre projet a été rejeté par la Fondation de France qui estimait qu’il était en décalage avec l’objet de la fondation concernée. Beaucoup de fondations font ainsi validé leur financement par la Fondation de France, car elles n’ont pas le statut de fondation abritante. Elles n’ont pas une autonomie complète sur l’attribution de leur mécénat.
De fait, le mécénat des fondations est donc très lié au droit applicable selon la nationalité de la fondation. Aujourd’hui, on reçoit la FPH, une fondation de droit suisse, et on verra que précisément c’est une fondation qui vient s’insérer en complément d’autres fondations de l’écosystème français en raison des différences de législation.
Alors finalement pourquoi recevoir la FPH ? Et bien parce que la fondation pour laquelle travaille Matthieu nous parait précisément à l’intersection des différentes tensions du secteur des fondations. Par son positionnement lié à son histoire, sur laquelle on reviendra, et à son fondateur Charles-Leopold Meyer. Par son regard à la fois ancré dans le champ français mais légèrement décalé puisque de droit suisse. Et puis par la nature des relations que la FPH entretient avec le secteur associatif, puisque cette fondation ne finance pas des projets, mais des coûts de structure. Et donc ne fait pas d’appel à projet, système que l’on a déjà critiqué au fil des épisodes.
Voilà, autant de raison de recevoir Matthieu Calame, le directeur de la Fondation pour le Progrès de l’Homme pour aborder avec lui en premier lieu des caractéristiques du secteur des fondations, et puis ensuite des liens que les fondations entretiennent avec les fondations.