L'édito
Comme l’an passé, nous ouvrons cette saison de Questions d’Asso par un gros dossier du monde associatif. Pour rappel, l’an passé, on avait traité la question de la subvention et de son caractère aliénant, ou addictif. Cette année, on vous propose donc de traiter le sujet de l’évaluation associative. Un sujet d’ailleurs très lié à celui de la subvention puisque bien souvent, l’association qui doit évaluer son action est celle qui doit justifier les subventions qu’elle reçoit. Mais on va y revenir.
Alors qu’entend-on à travers cette expression obscure d'évaluation de l’action associative ? Le plus souvent, ce que l’on met derrière, c’est la mesure de ce que produit l’association sur son écosystème, que ce soit un territoire ou des bénéficiaires. D’ailleurs, on reviendra tout à l’heure avec Eléonore sur ce que disent ces termes de la façon dont on perçoit le sujet.
Sauf que mesurer ce que produit une association, ça n’est pas aisé. Comment savoir si vous améliorez vraiment la vie de vos bénéficiaires ? Et surtout, comment le mesurer sans avoir besoin de mener d’études poussées tous les six mois ? C’est - il me semble - cette difficulté à la mesure qui produit ce qui va être le cœur de notre émission d’aujourd’hui, à savoir la facile confusion entre la métrique et l’objectif. Ainsi, dans nos associations, nous avons souvent du mal à rendre concret les objectifs que nous poursuivons. La métrique, qu’il s’agisse du nombre d’adhérent, du nombre de followers sur Twitter, du nombre de pages vues sur notre site, ou des montants de subventions distribués, est alors trop souvent érigée en objectif. Nous faisons la course aux followers ou aux personnes présentes à nos événements, pour simuler le poids de nos associations. Parfois, nous sommes un peu ces crapauds qui tentent de se faire passer pour un bœuf.
Alors ce qui va nous intéresser aujourd’hui, c’est de comprendre quelles sont les logiques à l'œuvre derrière cette notion d’évaluation de l’action associative ? Est-ce uniquement une conséquence du modèle de subvention des associations ? Quelle place joue également nos bénéficiaires ?
Et puis surtout, on va chercher à questionner ce que peut être une évaluation qualitative, qui dépasse les chiffres pour s’intéresser à la façon de faire perdurer l’association et son esprit dans le temps long. Et c’est pourquoi on a invité Pierre-Yves, de Framasoft, à ce micro. Notamment car Framasoft travaille sur la question de la compostabilité de son action. Autrement dit, que restera-t-il de Framasoft une fois que l’association aura disparu ?